MERCREDI 14 JUIN @ CAP SCIENCES
EXTENSION DE LA VIE, CRYONIE, MÉDECINE ANTI-ÂGE
Autrefois ostracisées par l’establishment scientifique, les recherches exploratoires dédiées à l’extension de la vie n’ont cessé de gagner du terrain ces 20 dernières années. Lutte contre la sénescence, extension radicale de la vie, inversion du processus de dégénérescence, pharmacologie anti-âge : d’innombrables start-up en biotechnologie financées par le capitalisme digital concourent aujourd’hui à transposer les espoirs d’immortalité, jadis monopolisés par les récits religieux, dans le champ de la prospective technoscientifique.
Accueil du public. Présentation de la journée : la technoscience en quête d’immortalité ? [David Pucheu, Franck Damour, David Doat]
Cryonie : Robert Ettinger, propagandiste, transhumaniste et prophète [Jean-Yves Goffi]
Cryogénie : conserver le sperme des « grands hommes »
[Alexandre Moatti]
Pause café
La cryonie : histoires d’Amérique et de Russie
[Franck Damour]
Survivre à l’âge de la vulnérabilité nucléaire : les cryonistes américains et la guerre froide [Apolline Taillandier]
Pause déjeuner (libre)
Congeler le corps, transplanter l’esprit : le mind uploading comme technique post-cryonique [David Doat]
Le corps cryonisé, entre dualisme classique et hybridation technoscientifique [Jessica Lombard]
Pause café
L’extension de la vie et le milieu cultuel des immortalistes aux États-Unis [David Pucheu]
Table ronde : immortalité, technoscience et science-fiction avec Ugo Bellagamba
Le parcours d’Ugo Bellagamba a toujours été un pas de deux entre l’université, où il est maître de conférence en histoire du droit et des idées politiques, et l’écriture, dans laquelle il s’est engagé, avec passion, depuis ses premiers cahiers d’écolier. Ses thématiques privilégiées sont l’utopie, l’uchronie, et l’exploration spatiale, et son format de prédilection, malgré des romans, notamment en coécriture avec Thomas Day, demeure la novella, qui lui a valu d’être récompensé par les prix Rosny Aîné et Bob Morane en 2005.
Jean-Yves Goffi est professeur honoraire de Bioéthique et de Philosophie générale. Il a travaillé dans le domaine de la philosophie de la technique et de l’éthique appliquée, spécialement en bioéthique et en éthique de l’environnement.
Chercheur en Sciences de l’Information et de la Communication, David Pucheu interroge les imaginaires et les idéologies qui président au développement technologique occidental. Il questionne par ailleurs les recompositions du croire à l’oeuvre dans notre hypermodernité et plus particulièrement aux Etats-Unis.
Philosophe titulaire de la Chaire Ethique, Technologie et Transhumanisme(s) de l’UCL, David Doat concentre ses travaux sur les représentations de l’« humain augmenté » et de la vulnérabilité dans la littérature philosophique, scientifique, trans- et posthumaniste contemporaine.
Franck Damour est historien des idées, professeur agrégé, essayiste. Après avoir étudié notamment l’évolution de la pensée religieuse russe, il s’est orienté vers l’étude des mutations anthropologiques à l’oeuvre dans le transhumanisme, dont il explore plus particulièrement l’histoire du mouvement et les dimensions religieuses.
Haut fonctionnaire d’État, polytechnicien et ingénieur général des Mines, Alexandre Moatti est chercheur en histoire des idées à l’université de Paris (Diderot). Il s’interroge notamment sur les origines françaises du transhumanisme, tout en poursuivant une carrière de vulgarisation publique en science et en histoire (webTV cultureGnum.fr).
Diplômée de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr et titulaire du Philmaster (master de philosophie) de l’EHESS et de l’ENS Ulm. Titulaire d’un doctorat en philosophie à l’Université du Piémont Oriental (Italie) et enseignante-chercheuse à l’Université Catholique de Lille (France), Jessica Lombard est spécialisée en philosophie de la technique et en phénoménologie.
Apolline Taillandier est chercheuse postdoctorale en histoire des idées politiques à l’université de Cambridge (POLIS, CFI) et à l’université de Bonn (CST). Ses recherches portent sur l’histoire du transhumanisme anglo-américain et de l’intelligence artificielle (années 1960-présent).
Le projet Hyperhum@in, soutenu par l’Université Bordeaux Montaigne (UR MICA) et l’Université Catholique de Lille (UR Ethics), réunit un noyau dur de chercheurs en SHS (historiens, philosophes des sciences, sociologues, bioéthiciens…) qui s’attache à interroger et à documenter les projets d’ingénieries exploratoires situés « aux frontières de l’humain ». « La technoscience en quête d’immortalité » constitue le premier volet de ce programme de recherche.
L’extension de la vie désigne un vaste champ de projet technoscientifiques déterminé à accroître la longétivité de la vie. Articulés principalement autour des biotechnologies, ces entreprises affichent des ambitions plus ou moins radicales pouvant aller jusqu’à prétendre, implicitement ou pas, à l’immortalité.
Prisé par les magnats de la tech et les « crypto-évangélistes » californiens, ce secteur concentre aujourd’hui des investissements massifs qui participent à lui donner un nouvel essor. Bien qu’hétérogènes, ces projets visant à étendre l’espérance de vie dans des proportions plus ou moins radicales, ont dessiné, au fil de leur histoire, les contours d’un ensemble cohérent d’acteurs, d’institutions, de lobbying, de centre de recherche et développement réunis sous une seule et même bannière, celle des « immortalistes » ou, pour les plus modestes, des « life extensionists ».
Né au début des années 60, la cryonie peut être considérée comme une forme d’ingénierie exploratoire appliquée à la conservation cryogénique de corps humain récemment décédés. Elle vise à préserver un maximum de cellules (du corps entier ou exclusivement du cerveau) dans l’hypothèse d’une réanimation dans le futur dès lors qu’une technologie suffisamment avancée le permettra. La communauté autoproclamée des « immortalistes » qui réunit les adhérents à un contrat de suspension cryonique s’inscrit dans un plus large mouvement qui trouve ses sources aux Etats-Unis.
« Life extensionists », transhumanistes, extropiens, membre de la « l’Eglise de la vie perpétuelle » forment, en périphérie du mouvement cryonique, une plus vaste sous-culture à la fois populaire et scientifique animée par des espoirs de salut terrestre.